MULTISPORT: entraîner, c’est facile!

Sous ce titre volontairement provocateur se cache mon esprit tordu.

Je rejoins de nombreux entraineurs sur ce point : les modalités d’entrainement sont relativement faciles à connaître.
On peut recracher ce que nos entraineurs nous ont fait faire auparavant. Nous ne ferons que copier avec plus ou moins de succès ce que nous avons vécu mais c’est un début.
On peut utiliser la puissance d’Internet pour s’informer et copier : encore une fois, lorsqu’on copie, il est difficile de faire mieux que l’original.
Enfin, on peut étudier les modalités d’entrainement, les comprendre, les essayer, les adapter pour son milieu d’action. C’est ce que je tente de faire de manière épisodique avec les étudiants en STAPS de Chambéry : dernièrement, nous prenions les modalités d’évaluation de VO2 max. et les moyens de les mettre en œuvre pour que chaque étudiant, quelque soit son sport, imagine la faisabilité de la théorie.
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Cette adaptation, le discours explicatif, la mise en place demande du temps de pratique et bien sûr quelques échecs.
C’est en ce sens que l’entraineur doit travailler quotidiennement pour amener le sportif à comprendre la démarche, même de manière simple avec un jeune public, pour amener le sportif à s’adapter lui-aussi vers plus de performance.
Il est aussi du devoir de l’entraineur de permettre au sportif d’avoir conscience de ses possibilités donc de ses performances, de réveiller les rêves qu’ils ont en eux. Il n’y a rien de plus triste qu’un jeune qui vient s’entrainer sans avoir un rêve en lui, une flamme qui l’anime pour enchainer des séances parfois « chiantes » et dures.
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L’entraineur doit entretenir cette flamme et ce, en évitant les extrêmes :
- Trop, j’étouffe ce feu interne,
- Pas assez, il s’éteint de lui-même.
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Il est difficile de quantifier ce « juste-milieu ». De mon côté, j’utilise souvent les images suivantes avec les jeunes cyclistes que j’entraine :
- Je veux pouvoir vous croiser en train de rouler le dimanche matin quand je serais très vieux,
- Je ne souhaite pas que tu me balances ton vélo dans le fossé en pleine saison parce que le vélo te gonfle.
Des discussions régulières sur les motivations du moment du sportif sont nécessaires. Ainsi on adapte les demandes tout en essayant de coller aux souhaits de performance.
Les échanges avec les parents ou l’entourage sont aussi nécessaires lorsqu’on a en face de soi des sportifs dont le caractère est réservé et/ou avec lequel la confiance ultime n’est pas encore tout à fait installée.
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Avec certains sportifs, nous arrivons à échanger sur des choses particulièrement intimes quand avec d’autres, il faut du temps.
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En tant qu’entraineur, il faut aussi accepter que, parfois, la relation ne sera jamais aussi étroite qu’elle devrait l’être pour tirer la quintessence d’une relation entraineur-entrainé.
J’ai encore en tête ma première relation conflictuelle avec un jeune sportif : un contexte familiale défavorable, une figure du père absente que toi, entraineur de 20 ans, tu remplaces difficilement et un jeune avec beaucoup de talent.
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Dans ce cas, cette chose très subjective qu’est le feeling ne passe pas.
Et comme le plus important est la performance du sportif (et non, sa propre performance d’entraineur), il est nécessaire d’orienter ce dernier vers un autre entraineur. On ne garde pas un sportif de manière égoïste car c’est lui le maître de son destin sportif.
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Cette démarche de lien entrainé - entraineur ne s’enseigne pas : on peut utiliser des exemples positifs pour les utiliser et négatifs pour les éviter mais il faudra de l’adaptation.
Une adaptation continuelle face au public, face au moment de la saison, face à la réussite ou l’échec du sportif.
Et si l’adaptation était la qualité première d’un entraîneur.
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Frédéric HURLIN

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